ANGLAIS BRITANNIQUE VS ANGLAIS AMÉRICAIN (2ème PARTIE)
Si vous avez déjà lu la première partie des frères ennemis du langage, préparez-vous alors au deuxième volet des mots du vocabulaire américain contre ceux de l’anglais britannique, raconté par Tom, brillant jeune homme britannique et Martinique, notre incroyable Américaine.
PAVEMENT OU SIDEWALK (TROTTOIR)
M : c’est insensé. Pourquoi devrions-nous désigner un objet par la matière dont il se compose ? En suivant cette logique, on devrait appeler les humains des atomes et les pâtes du blé. Un trottoir (sidewalk) désigne essentiellement le côté (side) de la rue où il faut marcher (walk). C’est pourtant simple !
T : le terme « pavement » se réfère à la zone pavée de la rue, conçue exclusivement pour les piétons. Il vient du mot latin « pavimentum », qui signifie « sol foulé aux pieds ». Foulé aux pieds parce qu’il est destiné aux piétons. Logique, non ?
DIAPER OU NAPPY (COUCHE POUR BÉBÉ)
M : « diaper » était un terme utilisé pour désigner une succession de petites formes géométriques et, plus tard, du tissu de lin blanc. Ainsi, c’est une belle façon d’évoquer la mode en parlant d’un objet servant à recueillir des excréments de bébé.
T : cela m’interpelle tout particulièrement, parce que le terme « diaper » n’est absolument pas lié à l’hygiène infantile. Les Américains l’ont tout bonnement inventé. Au moins, le mot « nappy » est une version abrégée « napkin » (serviette), qui servait autrefois à envelopper les fesses des bébés. Nous étions sans nul doute pleins de ressources.
COOKIE OU BISCUIT (BISCUIT)
M : donc, nous vous avons déjà expliqué le sens du mot « biscuit » (l’équivalent britannique de « scone »). Cependant, le terme « cookie » est vraiment génial ! Les cookies sont sucrés, tout comme ce mot. Mais, de manière plus littérale, il vient du hollandais « koekjas» et, avouons-le, les Néerlandais sont champions en matière de pâtisserie.
T : il s’agit de l’un de mes mots britanniques préférés, tout simplement parce qu’il est simple. Il vient de l’ancien mot français « biscuit » – combinaison latine de « bis » (deux fois) et « coctus » (participe passé de « coquere », qui signifiait « cuire »), parce que les biscuits étaient à l’origine cuits, puis séchés dans un four pour les conserver plus longtemps. Tu vois, voici un bel exemple de science et de langue combinées, en parfaite et délicieuse harmonie.
TRASH OU RUBBISH (ORDURES)
M : normalement nous utilisons le mot « garbage », mais « trash » est un mot d’argot aux significations multiples : employé comme nom, il désigne des ordures ménagères, comme adjectif, il décrit quelque chose de mauvaise qualité et comme verbe il est synonyme de casser la baraque en vivant une vie de rockstar, par exemple. Tout mot qui a plusieurs sens me convient très bien.
T : le mot « rubbish » vient de « rubbous », terme hybride tiré du vieux français et de l’anglais ancien, dérivé du mot « robe » signifiant « butin » (spoils) (d’ailleurs, le mot « spoils » est également un synonyme d’ordures, mais plus chic). On peut aussi l’utiliser comme verbe d’argot pour désigner quelque chose de nul, sens que lui ont donné les Australiens et les Néozélandais dans les années 1950. Ces pays étant à l’époque des possessions du Royaume-Uni, c’est tout naturellement que nous avons adopté ce mot à peine a-t-il été inventé. Quelle importance que cela soit injuste ? Ce n’est pas nous qui avons fait les règles.
FRENCH FRIES OU CHIPS (FRITES)
M : il est logique d’utiliser le terme de « French fries », car les Français ont apporté aux Américains un certain nombre de choses fantastiques comme par exemple la Statue de la Liberté et la Louisiane. Par conséquent, il est normal que nous leur rendions hommage à travers l’appellation de ces pommes de terre frites incroyablement délicieuses. Merci à vous !
T : « chips » en anglais désigne littéralement des pommes de terre coupées en morceaux pour faire des frites – encore meilleures lorsqu’elles sont accompagnées de sauce au curry et d’autres délicieux condiments riches en calories. Ce qui nous amène tout naturellement à…
CHIPS VS. CRISPS (CHIPS)
M : les chips portent ce nom, car elles s’émiettent (chip) sous la dent. Cela vous permet d’anticiper l’expérience de grignotage que vous êtes sur le point de vivre.
T : s’il est vrai que les chips américaines sont aussi les éclats (chips) des pommes de terre dont elles sont faites, nos chips sont si fines qu’elles deviennent très croustillantes (crispy) une fois cuites – voilà pourquoi on les appelle des chips. Excepté les tortilla chips, qui désignent quelque chose de différent. Il est vrai que les Mexicains ne suivent aucune règle et choisissent de nommer les aliments comme il leur plaît, du moment qu’ils peuvent les tremper dans du guacamole (c’est bien pour cela nous les aimons eux et leur cuisine).
SOCCER OU FOOTBALL (FOOTBALL)
M : donc, euh, en fait, les Britanniques l’ont inventé *insérer ici un rire nerveux*, mais nous, nous l’avons gardé ! Aller l’équipe américaine !
T : pourquoi le football américain s’appelle-t-il « football » ? La plupart du temps, ils ne touchent jamais la balle du pied ! Cela n’a aucun sens et les Américains doivent avoir terriblement honte en nous regardant jouer à un sport qui, à moins d’être gardien de but, implique exclusivement les pieds.
SNEAKERS OU TRAINERS (CHAUSSURES DE SPORT)
M : le sens se trouve dans le mot lui-même : dans les années 1970, Henry Nelson McKinney a popularisé ce terme alors qu’il travaillait sur une campagne de Keds visant à lancer une semelle en caoutchouc permettant de surprendre (sneak) la famille et les amis sans méfiance. Pourquoi avoir choisi le mot « trainer » (entraîneur) ? Vos chaussures ne vous diront jamais d’abandonner, ne vous attribueront pas de note, pas plus qu’elles ne vous motiveront avec des dictons tels que « on n’a rien sans rien ». Alors pourquoi les Britanniques essaient-ils d’humaniser des chaussures ? C’est tout simplement bizarre.
T : au Royaume-Uni, nous avons mis du temps à adopter cette chaussure de sport insensée, parce que nous sommes naturellement élégants et, lorsque nous l’avons fait, nous ne la portions que pour les entraînements sportifs ; c’est la raison pour laquelle nous l’avons appelée « trainer » (entraîneur). De plus, qui donc essaierait véritablement de surprendre son entourage en baskets ? C’est tout simplement bizarre.